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Interview de Sébastien Muller

Interview de Sébastien Muller – Designer et influenceur
par Sabine Botella

Bonjour Sébastien, je vous remercie d’avoir accepté cette interview, pouvez-vous me dire quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai commencé par un BAC électronique, j’ai suivi les copains, plus sérieusement connaître l’intérieur d’un ordinateur m’intéressait beaucoup. Puis j’ai fait un DUT de statistiques pendant deux ans, je voulais faire un DUT informatique mais j’étais sur liste d’attente alors j’ai choisi ce cursus et enfin j’ai préparé un master en informatique et technologie des communications Internet, j’ai quand même fini par faire ce que je voulais. Ensuite j’ai exercé dans le développement informatique pendant 15 ans et maintenant je suis Data Analyst dans les Ressources humaines d’une grande banque au Luxembourg.

Et votre rencontre avec le milieu du Flipper, vous vous en souvenez ?

Contrairement à beaucoup de personnes de la communauté qui ont passé leur jeunesse dans les bistros à jouer au flipper moi dans ma jeunesse c’était plutôt Babyfoot. Je suis tombé dedans seulement en 2012, j’avais 30 ans. Nous étions en séjour à Center Park où il y avait 3 flippers, j’ai commencé à mettre des pièces dedans et je me suis dit « ah c’est pas mal ! » une fois, puis « ah c’est pas mal ! » deux fois et à la troisième j’ai commencé à regarder les prix qui étaient encore abordables à l’époque et c’est comme ça que tout a commencé. J’en ai acheté 1 puis 2 puis 3 puis 7, aujourd’hui j’en suis à 4.

J’adore comprendre comment les choses fonctionnent, j’aime démonter et voir comment ça se passe à l’intérieur surtout la partie mécanique c’est aussi pour cela que je suis passionné d’horlogerie, voir le mécanisme d’une horloge en action c’est presque magique mais je n’ai jamais osé ouvrir une montre c’est tellement minutieux. Par contre quand on joue au flipper surtout sur les modèles des années 90 on finit toujours par lever le plateau et réparer les petites pannes. Au début ça a l’air très compliqué alors qu’en fait ça ne l’est pas tant que ça, c’est toujours le même principe. Le développement informatique m’a beaucoup aidé à comprendre le fonctionnement d’un jeu et le code qu’il y a derrière.

Ça c’était le début mais j’ai aussi appris que vous aviez une chaine « Soirée Flip’ » sur YouTube et Twitch comment cela est-il venu ?

Oui je stream sur Twitch pour le direct et YouTube pour les rediffusions et les vidéos montées. Ça a commencé en 2016, en fait je regardais beaucoup de vidéos américaines et en cherchant je me suis aperçu que personne ne faisait ça en France et du coup je me suis dit que j’allais être le premier à le faire et je me suis lancé. Sur Twitch je passe mon temps à discuter avec les gens sur le tchat, je joue à la machine, leur explique les règles du jeu car j’aime analyser les jeux, comprendre les règles et essayer de trouver les failles pour faire des milliards et des milliards de points. Maintenant j’ai environ 2200 abonnés YouTube.

Donc vous êtes arrivé dans les règles du jeu en essayant de les détourner, c’est efficace ! Comment choisissez-vous vos flippers pour les démonstrations ?

A l’époque je ne connaissais pas grand monde dans la région alors je testais les Flippers sur un jeu vidéo qui s’appelait Pinball Arcade, ils avaient la licence des constructeurs des années 90 à savoir Williams, Bally et Gottlieb et ils faisaient une retranscription des tables réelles mais en virtuel, c’est comme ça que j’ai découvert de nombreux modèles et que j’ai pu les essayer.

Aujourd’hui nous sommes un groupe d’une quinzaine de joueurs dans la région Grand Est, nous allons tous les uns chez les autres et surtout nous essayons de ne pas acheter les mêmes flippers. Comme ça nous pouvons nous amuser sur plus de machines différentes.

J’ai entendu dire que vous étiez aussi un excellent joueur, participez vous à des tournois ?

Ah oui aussi, je fais des tournois physiques sur des machines physiques ce qui occupe une bonne partie de mon temps libre. Début novembre je vais faire l’Open de Hollande à Eindhoven, en septembre j’ai fait l’Open de France, en octobre le tournoi Pin Enhancer de mes amis de Pinball Mag au Paris-Manga et en janvier il va y avoir les finales du championnat français des french championship séries…Peut- être d’autres projets comme la Suisse par exemple car à force de faire des tournois on finit par connaître du monde sur le plan international et on s’ouvre à des compétitions hors France.

Combien êtes-vous dans les classements ?

Je suis autour de la 20ème place en France. J’ai repris la compétition depuis peu car j’avais arrêté presque 2 ans, j’étais frustré, je me mettais la pression et finalement maintenant j’y vais pour m’amuser et j’obtiens de meilleurs résultats. Je garde le plaisir ce qui est essentiel.

Comment êtes-vous entré en contact avec Hexa Pinball ?

La première fois que je les ai rencontrés c’était au salon de Pontacq en 2023, c’était leur première présentation de la version1 du Space Hunt. J’étais avec l’équipe de Pinball Mag et nous leur avons demandé de faire un live le soir sur la chaine de Pinball Mag. J’ai joué avec Luis, c’était un live particulièrement bruyant avec un DJ qui animait la soirée etc mais j’avais beaucoup apprécié le Space Hunt. Suite à ce live j’ai fait un article sur Facebook avec des remarques constructives en mentionnant ce qui était bien et ce qui était à mon sens à améliorer et suite à ça Alexandre Mak m’a contacté en me disant qu’ils étaient d’accord avec ce que j’avais écrit et il m’a proposé de rejoindre l’équipe. J’ai dit oui sans hésiter !

Donc en fait vous êtes intervenu au niveau des règles du jeu, est-ce que vous pouvez nous en parler plus précisément ?

J’ai fait un énorme document word de 30/40 pages qui détaillait tout et ensuite Christophe André l’a développé dans le code du jeu. Quand on travaille sur les règles du jeu dans le flipper il y a des standards à respecter, par exemple le « Ball save », c’est au moment ou on lance sa bille, il y a une période de 20 ou 30 secondes pendant laquelle, si on perd la bille, le jeu va la relancer, c’est quelque chose de standard que l’on retrouve sur tous les flippers modernes pour éviter de frustrer les joueurs.

Comment construisez vous le niveau de difficulté dans un jeu ?

Là je suis parti de ce que l’équipe avait déjà fait avant notre rencontre. Il y a par exemple des lumières sur le plateau avec des inscriptions dessus, il faut respecter l’univers le thème mais ensuite il y a les missions et c’est là où je suis intervenu, l’objectif était de rendre le jeu plus satisfaisant pour le joueur. Tout est une question d’équilibre entre la frustration, et la satisfaction du joueur … il doit rencontrer des difficultés mais pas trop, il faut trouver le juste milieu, c’est ce que les américains appellent le « risk and reward », il y a un système de récompense qui doit venir valoriser la prise de risques.

Est-ce qu’il y a eu beaucoup de modifications depuis la version V1 de Space Hunt ?

Nous avons rajouté pas mal de choses et ça continue encore aujourd’hui. On a revu un peu les missions, on a fait des « wizard modes », ce sont des modes de fin, une grosse mission qui arrive quand on a accompli les autres missions, elle est plus rythmée et encore plus satisfaisante que les autres, la récompense est plus importante. La semaine dernière nous avons eu une réunion de travail pour proposer encore de nouvelles améliorations, c’est un travail continu. Pour le joueur c’est un grand avantage, il a régulièrement des nouvelles choses à découvrir.

Comment s’est intégré votre travail dans celui de l’équipe ?

J’ai davantage travaillé avec Alex, Luis et avec Christophe pour corriger les bugs, ensuite c’est Alex qui s’est occupé de coordonner tout ça. L’atout de cette équipe c’est que chaque intervenant est très bon dans son domaine et tout le monde a le même niveau d’exigence.

Aujourd’hui le Space Hunt est sur le marché, avez-vous eu des retours de joueurs sur votre partie du travail ?

Oui bien sur et d’où les améliorations qu’on a prévues pour les mois à venir. Les retours des joueurs sont essentiels. Pour le moment il manque de quoi occuper le joueur quand il n’est pas en mission, j’ai proposé une idée que vous découvrirez très certainement prochainement et qui devrait beaucoup plaire, on garde le mystère entier la seule chose que je peux dire c’est que personne ne le fait à ce jour.

Est-ce que vous êtes satisfait du Space Hunt et à votre avis quels sont ses atouts ?

Je suis très satisfait, on a accompli beaucoup de choses en 1 an. Le Space Hunt a un atout incomparable, il est fabriqué en France et on sait comment les français sont chauvins 😊 C’est un thème original, la disposition des éléments sur le plateau est très bien faîte, c’est très agréable à jouer, l’univers est très sympa, les animations, les sons tout fonctionne ensemble. Dès qu’Hexa Pinball fait des posts sur les réseaux, des américains réagissent en disant qu’ils voudraient bien l’essayer, ce qui est de bon augure.

Les passionnés de flippers sont souvent des gens ayant connu le jeu dans les bars, est-ce que le flipper intéresse les jeunes d’aujourd’hui ?

On voit de plus en plus des jeunes qui participent aux tournois et qui explosent tous les scores. La semaine dernière au Paris Manga un jeune de 16 ans a battu mon record jamais égalé sur le Space Hunt. J’avais fait 530 millions et il a fait quelque chose comme 680 millions, et encore, le flipper était en mode tournoi donc il n’avait pas de billes supplémentaires, il l’a fait en 3 billes alors que moi j’ai eu 5 ou 6 billes…on n’a plus l’âge !!!